Rouen, le 23 Novembre,

Chers amis

Comme promis, voici quelques nouvelles.

Nous nous sommes réunis autour de Philippe de Villiers, réunion au cours de laquelle il a évoqué l’avenir de notre mouvement.

Comme je vous l’avais expliqué lors de nos différents contacts, le paysage politique a profondément changé depuis la modification des modes de scrutins (législatives alignées sur les présidentielles, régionales au scrutin majoritaire à 2 tours, européennes par « grandes régions » et bientôt élection des délégués territoriaux à 1 tour).

Que l’on approuve ou non ces choix effectués par les deux partis dominants (UMP et PS) pour préserver leur pouvoir, la réalité est là, devant nous : l’organisation politique est désormais bipolaire.

Il y a désormais en France un pôle majoritaire et un pôle d’opposition, regroupant chacun 30 à 35 % des voix.

Reste un troisième tiers de voix, diffus, et dont l’unique choix est de faire la balance entre l’un et l’autre camp.

Bien qu’il y ait beaucoup d’inconvénients pour les partis minoritaires et les petites formations politiques (exemple partir seul à des élections), les partis dominants ont absolument besoin de créer autour d’eux une dynamique d’union afin de ne pas se laisser distancer par le camp d’en face. C’est typiquement le système anglais.

Exemple : si avec 30% des voix, le PS fait alliance avec les verts et le PC, cela porte son potentiel à 40 ou 45% des voix, ce qui oblique l’UMP à faire de même à droite pour ne pas se laisser distancer.

On voit bien que ce système de bascule redonne ainsi du pouvoir aux petites formations politique qui peuvent ainsi monnayer leur soutien par une représentation digne de ce nom dans les parlements nationaux et locaux. (C’est plus fair play de le faire avant les élections qu’entre les deux tours !)

Certes, cela peut sembler à certains de la cuisine politique, mais si on ne le fait pas, nous disparaissons et la défense de nos convictions avec nous.

Après s’être tant battu, Philippe de Villiers ne se résout pas à tirer un trait sur 30 ans d’engagement politique, combat engagé pour la défense de nos valeurs. Nous avions craint, un certain nombre d’entre nous, de le voir lâcher prise et qu’il nous plante là, orphelins, avec nos seules valeurs pour toute couronne mortuaire. Dieu merci, Philippe de Villiers continue avec courage ce combat que nous avons engagé à ses côtés. Qu’il en soit remercié du fond du cœur.

Ceci étant acquit, (son silence fût aussi long que son hésitation), Philippe de Villiers a choisi une nouvelle stratégie pour le MPF, afin de tenir compte de ce nouveau contexte politique.

De mon point de vue, l’essentiel a été cette décision qu’il a prise et nous devons donc lui laisser, au travers de notre confiance, le choix des voies et des moyens.

Pour ma part, ma confiance lui est totalement acquise car c’est un grand bonhomme. (Et je sais de quoi je parle car je le connais depuis 1980… Dans les réunions, on ne se parle pratiquement pas : il me regarde et je le regarde, cela suffit à notre compréhension mutuelle et fraternelle).

Confiance ne veut pas dire cécité. Aussi voici les explications de son choix pour le futur de notre mouvement.

Comme expliqué plus haut, Nicolas Sarkosy est tenu de renforcer le pôle de la droite parlementaire en rassemblant le plus largement. Néanmoins, il est bien conscient que ce n’est pas par l’UMP qu’il peut y parvenir : nombreuses de nos positions sont trop éloignées et le resteront durablement (celles de Nadine Morano notamment) pour que MPF et UMP puisse faire bon ménage.

Ainsi, en créant une structure INFORMELLE appelée Comité de liaison de la majorité présidentielle, Nicolas Sarkosy a créé les conditions d’un dialogue, notamment avec Philippe de Villiers. Le point le plus original de ce dispositif est que l’adhésion à ce Comité n’est assortie d’aucune condition, d’aucun d’engagement ni d’aucune aliénation de notre liberté de parole et d’action, comme l’a solennellement rappelé Philippe à ses cadres le 7 Novembre dernier à Paris.

Si, de notre côté, nous restons libres de nos mouvements, et ceci de façon durable, notre arrivée dans ce comité va permettre au MPF de peser bien davantage sur la vie politique française, et cela par 2 moyens essentiels :

Le premier est que désormais, presse et médias n’ont plus de consignes pour nous éviter ou nous contourner ( je sais, c’est dégeulasse mais c‘est comme ça) : Désormais, nous sommes plus audibles, les micros se tendent et nos valeurs, déjà reconnues comme fortes et légitimes, vont pouvoir franchir l’obstacle des grandes rédactions parisiennes et qui, n’en doutons pas, font l’opinion.

Le second moyen est que le MPF, tout en conservant son indépendance d’esprit, va davantage participer à la vie politique française à travers un plus grand nombre d’élus qui auront vocation à s’exprimer dans les assemblées et dans les médias.

Dans les semaines qui viennent, l’UMP et singulièrement Xavier Bertrand aura pour mission de faire toute sa place au MPF, au même titre que le Nouveau Centre d’Hervé Morin (qui n’est d’ailleurs pas ravi ravi d’avoir à nous faire de la place).

Mais entendons-nous bien : il ne s’agit pas pour le MPF de prendre des places pour avoir des places, mais pour que ses élus se plantent au beau milieu de système politico-médiatique français pour faire entendre leurs différences.

Comme le dit Philippe, il vaut mieux prêcher dans la cathédrale, même devant une foule hostile, que sur le parvis, face au vent d’ouest qui balaie et emporte les paroles telles des feuilles mortes.

Evidemment, tout cela ne peut avoir de sens que si, tous, nous regroupons nos forces et resserrons nos liens, car nous sommes et restons dans l’adversité, responsables de défendre pied à pied ce en quoi nous croyons, pour nous-mêmes et pour nos enfants.

Merci de votre soutien indéfectible.

Avec toutes mes amitiés

Hubert de Bailliencourt

Président 76

Le combat continue

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